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Entretien avec Reynald Pedros

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Message par Vinssa" Mer 13 Juin - 23:30

Reynald Pedros : « J’au tout connu avec Nantes ».

Entretien avec Reynald Pedros Rp11

Ah, Reynald Pedros. Ce patronyme évoque à lui seul mes premiers émois footballistiques de gamin regardant Canal + le samedi soir sur un décodeur pourri. Je parle des matchs de 1e division, évidemment, pour ceux qui auraient l’esprit mal placé. Reynald Pedros, cet impétueux génie dégrossi par la patte de Coco Suaudeau, qui en a fait l’un des joueurs les plus exceptionnels de sa génération en France. Peu de temps après son jubilé, et en prévision de la sortie de son autobiographie, nous avons réussi à nous incruster dans son planning le temps d’une interview. Lucide sur son passé, satisfait de son présent et réaliste sur son avenir, avec une seule idée en tête, toujours : le plaisir du jeu.

Bonjour Reynald. Tu découvres le rôle de consultant sur Infosport + pour l’Euro 2012, ça se passe bien ?
Oui, c’est très intéressant, c’est une autre façon de voir le foot. Il faut essayer d’analyser les choses rapidement, d’être franc et honnête plutôt que d’essayer d’embellir les choses. Je pense que les téléspectateurs s’attendent à ce qu’on dise des choses vraies, quoi.

Comment sens-tu l’équipe de France dans cette compétition ?
C’est un bon début. Le premier match est toujours un match important, maintenant ils sont au pied du mur parce qu’ils doivent battre l’Ukraine pour pouvoir espérer encore quelque chose. Ça ne sera pas facile mais c’est faisable. Contre l’Angleterre on a vu une équipe de France conforme à ce qu’on a pu en voir ces derniers temps, donc ça va être intéressant à suivre.

Venons-en au Pedros footballeur. Je crois qu’on peut le dire, tu as eu une carrière de joueur pour le moins « rock’n’roll » ! Alternant le meilleur comme le moins bon, avec autant de réussites superbes que de véritables traversées du désert. Qu’est-ce que tu retiens de tout ça ?
Ce que je retiens, c’est que j’ai toujours fait mes choix en me disant qu’il fallait que je joue, pour trouver le plaisir de jouer. Jamais pour des raisons financières. Après, on sait si c’était un bon choix une fois arrivé dans un club et après avoir fait sa saison.

Le week-end dernier, tu rechaussais les crampons dans ta ville natale (Orléans) avec d’anciens coéquipiers, de Nantes et de l’Équipe de France. Une façon de boucler la boucle ? En quoi était-ce important pour toi d’organiser cet événement ?
D’abord, c’était important pour revoir tous ces gens qui ont joué avec moi, tous ces anciens nantais. C’était important parce que je voulais que ce soit une fête, et oui, un peu pour boucler la boucle sportive, en tant que joueur. J’ai eu énormément de plaisir à retrouver les « anciens » que j’ai côtoyé durant ma carrière.

Tu vas également sortir prochainement ton autobiographie (co-écrite avec Fabien Burlinchon), intitulée « Le Complexe du Canari », qui retrace sans concessions ton parcours de joueur, et d’homme tout simplement, ainsi que tes choix de carrière. Pourquoi avoir choisi ce titre ?
Je crois que ce titre résume bien ma carrière. Quelque part, j’ai tout connu avec Nantes, c’était une philosophie de jeu qui me convenait parfaitement. Et quand je suis parti de ce club, j’ai toujours cherché à retrouver cette philosophie et ce plaisir. Et je ne l’ai jamais retrouvé ailleurs. Effectivement, je n’étais peut-être fait que pour Nantes, et c’est pour ça que ce titre est très évocateur.

Justement, le principal tournant de ta carrière de joueur, à mon sens, intervient au moment de ton départ du FC Nantes… Tu me corriges si tu penses que je me trompe complètement ! C’est un peu la conjonction de l’élimination française à l’Euro 1996, pour laquelle tu as été propulsé « bouc-émissaire » des supporters français (à l’instar d’un Ginola quelques années plus tôt), et de ton départ pour l’OM dans une équipe de retour en 1e division et que tu as toi-même qualifiée de « peu compétitive » a posteriori. Avec le recul, as-tu regretté à un moment d’avoir pris le risque de quitter le nid du FC Nantes à cette période ?
Le choix du club a été déterminant parce que je pensais faire le bon choix, par rapport aux discussions que j’avais pu avoir avec les dirigeants et l’entraîneur de Marseille. Parce que Marseille remontait en Ligue 1, c’est un club qui avait besoin de jouer les premiers rôles, et c’est vrai que le recrutement n’avait pas été du tout à la hauteur de ça. Tout simplement, on avait une équipe pour jouer le maintien la première année. C’était une période de transition pour le club et ils auraient dû prendre les choses dans l’ordre plutôt que de communiquer sur le fait qu’on jouerait directement les premiers rôles alors que ce n’était pas possible. C’est vraiment là que les difficultés ont commencé.

Lors de ton passage à Lyon, de retour d’Italie où tu as enchaîné les blessures et, de ton propre aveu, « fait de très mauvais choix », il t’a été reproché de ne pas te donner suffisamment à fond, ce qui t’a valu les foudres des supporters rhodaniens et de nouveaux départs (Montpellier, Toulouse, Bastia entre autres). Au final, que recherchais-tu dans tous ces clubs, et pourquoi cela n’a-t-il pas fonctionné ?
On est toujours à la recherche du meilleur. Maintenant, ce n’est pas en prenant trois joueurs du FC Nantes de l’époque qu’on va forcément retrouver les mêmes choses. À Montpellier on nous a dit qu’on ne nous comparerait pas, et qu’on ne nous demanderait pas de faire ce qu’on a fait à Nantes quand on a été champions. Parce que ce n’était pas possible, et c’est normal ! D’ailleurs on a très peu joué ensemble, vu que je suis arrivé blessé, et on avait aussi besoin de se retrouver. Après, ça nous a été reproché justement, mais c’étaient seulement quelques personnes, pas la totalité du club. Après, d’une manière générale, ma direction personnelle a toujours été de prendre du plaisir sur le terrain. Je n’en ai pas trouvé à certains moments, soit parce que j’étais diminué, soit parce que je n’étais pas bon, soit parce que je ne trouvais pas à côté de moi des gens qui me convenaient au niveau footballistique, etc. Mais ça ne m’a pas empêché de trouver d’autres choses, et je n’ai jamais regretté les choix que j’ai fait. Tout simplement parce que je les ai fait pour mon bien et en pensant que c’était les bons, pour être sur le terrain et y trouver du plaisir.

Y a-t-il un moment où tu t’es lassé du football professionnel ?
Non. Il faut surmonter les étapes et les épreuves qu’on rencontre dans la vie. Moi j’estime que je faisais un métier que j’aimais, même s’il y a eu des moments difficiles. Ça ne servait à rien de se morfondre et de baisser la tête. Je me suis toujours relevé et je n’ai jamais vécu dans le mensonge, même si ça a parfois pu occasionner des conflits. J’ai toujours essayé de vivre le moment présent, d’être réaliste sur ce que je faisais, ce que je ne faisais pas et ce que j’aurais pu faire. J’ai fait des erreurs, mais on s’est aussi parfois servi de mon caractère pour me faire passer pour quelqu’un d’ingérable, qui ne fait pas ce qu’il faut, alors que j’ai toujours donné le maximum de moi-même avec les possibilités que j’avais. Je n’ai jamais triché, et c’est ça qui est important.

Suaudeau et Budzynski avaient l’habitude de faire tampon avec les médias et de protéger leurs « poulains » dans les moments difficiles (on pense par exemple, dans ton cas, à ton expulsion face au Spartak Moscou en mars 1996). Budzynski avait déclaré te concernant : « Reynald est comme ça. Un hyper émotif, réactif… et aussi qualitatif ». Déjà, est-ce que tu penses que cette expression te définissait bien en tant que joueur, et en tant qu’homme ?
Ouais, j’étais quelqu’un de… (il hésite) sanguin, c’est sûr ! Impulsif bien sûr, mais les gens impulsifs sont rarement des gens méchants ou incorrects. Le premier à regretter ces situations là, c’est moi, parce que je suis le premier à être sanctionné, mais c’est comme ça ! J’ai fait ma carrière comme ça, je ne regrette rien, je me suis excusé quand il fallait que je m’excuse… C’est mon tempérament.

Et ensuite, est-ce que cette attention quasi « paternaliste » avait une importance, selon toi, sur le bien-être des joueurs du FC Nantes et leur capacité à jouer « libérés » ?
Non, je ne pense pas. Ça n’a pas empêché les journalistes d’être présents dans l’entourage des joueurs. J’ai aussi connu Blazevic, qui défendait ses joueurs contre vents et marées, mais ça n’empêchera jamais un journaliste ou toute personne avec de mauvaises intentions de dire du mal d’untel ou untel. Donc « protégé », oui, mais pas tant que ça.

Après tous ces soubresauts vécus pendant une grande partie de ta carrière, qu’est-ce qui a bien pu te donner l’envie de te lancer dans le boulot d’entraîneur, de rester dans le milieu du football ?
Bah… Je me suis rendu compte que si je voulais continuer dans ce métier là, il fallait que je me débrouille par moi-même. J’ai fait toute ma carrière en tant que joueur de foot, je ne sais faire que ça, donc autant continuer dans cette voie là ! J’ai commencé à passer mes diplômes, et ça m’a plu, j’ai trouvé ça intéressant, donc je me suis lancé.

Tu as débuté le coaching en DH, à Saint Jean de la Ruelle (DH), avant de partir entraîner pendant trois saisons le club de Saint Pryvé Saint Hilaire, en CFA2. Jusqu’à cet été où tu arrives en fin de contrat. De quoi l’avenir sera-t-il fait, as-tu des pistes ?
Non, pas de piste. J’ai dit très tôt à mon club que je ne continuerai pas l’année prochaine, parce que j’avais envie d’aller voir ailleurs. Ma décision a été mûrement réfléchie, mais je me suis aussi mis dans la tête qu’il était possible que je ne trouve pas de club, parce que c’est très compliqué. Mais moi, mon objectif et mon souhait, c’est de rester dans le football, de continuer à parler foot, travailler foot. Je ferais tout pour rester dans ce milieu.

Y’a-t-il un banc sur lequel tu rêverais de t’asseoir, en tant qu’entraîneur ?
Euh… (il hésite longuement) Aujourd’hui je rêverai tout simplement de m’asseoir sur le banc de n’importe quelle équipe, pour trouver quelque chose à faire, continuer ce que j’aime faire, et voilà quoi. Je ne vis pas dans l’hypothèse, et puis je sais que c’est difficile de trouver un club, je ne me vois pas dire « Tiens, je me verrais bien à la place d’untel ou untel ». La seule condition c’est que ça me convienne, sportivement et financièrement, c’est tout !

De quel entraîneur actuel te sens-tu le plus proche ? Quel est ton « modèle » à ce poste ?
Non, pas de modèle particulier, j’ai connu plusieurs écoles, nantaise avec Suaudeau et Denoueix, italienne avec Ancelotti… Les deux sont compatibles, et il y a dans chacune des choses qui me conviennent bien. Donc pas d’entraîneur particulier, mais des cultures du jeu qui me ressemblent.

Comment te définirais-tu personnellement, en tant que « coach » ?
Aujourd’hui, j’ai entraîné des clubs amateurs. Après, je suis quelqu’un de très exigeant dans le travail et dans les détails, et c’est vrai que c’est très difficile pour les joueurs de travailler comme ça dans le milieu amateur. Parce qu’ils n’ont pas le vécu sportif de joueurs professionnels, beaucoup plus de lacunes aussi, et c’est vrai que je peux parfois me montrer un peu trop exigeant avec eux. Par contre, s’il y a un truc où je suis intransigeant et dans lequel il n’y a aucune division qui tienne, c’est dans le travail et dans l’exigence que chacun doit avoir vis-à-vis de soi-même. Pour avoir le rendement sur le terrain le week-end, il faut pouvoir tirer le maximum du potentiel de chaque joueur. Il faut aussi inculquer cet état d’esprit de la gagne, je pense qu’on n’est heureux dans le football que lorsqu’on gagne. Jouer bien est important, gagner fait prendre une autre dimension au plaisir.

Tu dis toi-même « n’avoir réussi qu’à Nantes » en tant que joueur, et tu expliquais également t’inspirer parfois des exercices d’entraînement de Coco Suaudeau. Maintenant que tu es entraineur, est-ce que tu cherches à réussir « à la nantaise » dans le club où tu officies ?
Oui, on essaie toujours ! Mais le plus important, c’est aussi de faire des choses que les joueurs peuvent réaliser, car s’ils ne réussissent jamais ils peuvent perdre confiance. Mais oui, il y a des jeux qu’on fait et que je faisais à Nantes, qu’ils réussissent à faire au fur et à mesure, d’autres beaucoup plus difficilement. Mais il y a un peu des deux cultures, il y a aussi des choses que j’ai apprises par moi-même et qui me semblent importantes.

Tu le sais certainement, les supporters nantais s’intéressent de très près à l’opinion qu’ont les « anciens » du FC Nantes sur la situation actuelle du club. Sportivement et d’une manière générale en fait. Quel est ton avis là-dessus ? Est-ce que tu suis toujours de près l’actualité du club ?
Je fais partie de ceux qui pensent qu’il est difficile de donner un avis quand on ne sait pas vraiment ce qui se passe. On peut dire beaucoup de choses, on peut juger aussi, mais moi tout ce que j’espère, c’est que le club remonte en Ligue 1 rapidement. Et qu’on ne parle du FC Nantes que pour ses résultats.

Par Sebastien H. pour Jauneliere.com
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