[Serie A] Gemito et Sainju: les réseaux de tifosi

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GEMITO et SAINJU: Les réseaux d'alliances et d'oppositions de tifosi


L'Italie est connue pour être une grande nation de football, la Serie A étant l'un des plus prestigieux championnats du monde. Un prestige dû aux très grands clubs qui ont brillé sur la scène européenne et internationale. Les plus célèbres étant parmi d'autres le Milan AC, la Juventus ou l'Internazionale. Il y a également les grandes figures telles Paolo et Cesare Maldini, Paolo Rossi, Fabio Capello ou encore Dino Zoff. Un autre élément qui fait la grandeur de ce football et qui va nous intéresser aujourd'hui est l'importance des supporters, les "tifosi".

Les supporters sont aucun doute l'élément le plus important d'un club de foot, ils sont le caractère humain du club. En plus d'être des acteurs essentiels du stade de foot, ils portent l'Histoire, la mémoire et l'identité du club. Si l'on veut savoir quelle est l'identité d'un club de football, il est indispensable de chercher l'identité de ses supporters. C'est ce qu'a fait le sociologue-anthropologue Christian Bromberger pour son ouvrage intitulé Football, la bagatelle la plus sérieuse du monde publié en 1998. Il a notamment exposé l'opposition et les réseaux d'alliances entre supporters de club différents en Italie. Les villes de Gênes, Milan et Turin possèdent chacune deux clubs en première division. Cela donne lieu à des "derbys", c'est-à-dire des rencontres très chaudes entre clubs de très grande proximité. Dans le cadre de ces derbys, la rivalité arrivent à son paroxysme par le fait que souvent les clubs de ces mêmes villes partage le même stade. C'est le cas à Milan où l'Internazionale et le Milan AC partagent le stade Giuseppe Meazza de San Siro, mais également à Gênes où la Sampdoria et le Genoa partagent le stade Luigi Ferraris.

Bromberger pointe le doigt sur deux réseaux d'alliances nommés le "Gemito" et le "Sainju". Le Gemito est le réseau de supporters du Genoa, du Milan AC et du Torino, le Sainju celui des supporters de la Sampdoria, de l'Inter et de la Juventus. Le Gemito regroupe des clubs marqués par un article masculin (le Milan, le Genoa, le Torino) et qui portent le nom de la ville. Les clubs du Sainju eux portent l'article féminin et son dénués du nom de la ville ( la Sampdoria, la Juve et l'Inter). Les surnoms de ces équipes confirme le caractère sexué de ces clubs, ne dit-on pas "la vieille dame" quand il s'agit de désigner la Juve ou le "Toro" quand il s'agit du Torino? Les couleurs sont aussi d'autres éléments d'opposition et de rassemblement. Ainsi les clubs du Gemito portent des couleurs rouges qui témoigne du caractère passionnel des supporters. De l'autre côté les clubs du Sainju arborent des couleurs bleues, noires ou blanches symboles de sobriété. C'est tout une distinction du rapport au football que l'on peut y voir. "Le GEMITO c'est le local, une population de vieille souche qui s' arc-boute sur son identité, une célébration passionnée de l'entre-soi entre les murs de la cité". Ces clubs sont plus anciens que ceux du Sainju et portent la légitimité, l'histoire de la ville "Il Genoa, Il Milano et Il Torinese ( qui a prééxisté au Torino, fondé en 1906) [..] ont été créés avant leurs concurrents du SAINJU". Le Sainju est de son côté beaucoup plus ouvert à l'exterieur, "qui s'affranchi[ssent] de l'ancrage local". Par conséquent, le Sainju recueillent plus de supporters à l'extérieur que ceux du Gemito.

Enfin, la Juve, la Samp et l'Inter sont des clubs d'origine et de traditions aristocratique. Paul Dietschy a très bien souligné cet aspect dans un article consacré au cas de la ville de Turin. Il explique que le derby avait dès 1919 des allures d'opposition entre le Turin aristocratique et bourgeois représenté par la Juve et le Turin des faubourgs ouvriers représenté par le Torino. Les tifosi du Torino se distinguait par le vacarme, "les vociférations et les sons produits au moyen de cornes ou de clairons et les symboles visuels (taureau de carton, drapeau grenat). De l'autre côté les supporters de la Juve étaient beaucoup plus calmes et peu démonstratif en opposition totale avec les "agitateurs" du camp adverse. Dietschy déborde même de son sujet, confirmant ce qui a été susdit: "Cette opposition caricaturée par la presse sportive et généraliste n'était pas unique en Italie, on la retrouvait à Milan entre partisans aisés de l'Internazionale et tifosi plus modestes du Milan ou à Rome où l'opposition sociale, dans les années trente, était forte entre patricienne Lazio et la Roma plébéienne." (les patriciens étaient une classe privilégié sous l'Empire romain, tandis que la Plèbe désignait le petit peuple).

Le Gemito et le Sainju forment deux réseaux interactifs, les supporters de chaque réseau s'entraidant entre eux. Il arrive que lorsque le Genoa se déplace à Delle Alpi pour affronter la Juve, certains tifosi du Torino aillent renforcer les rangs de supporters du Genoa. De la même façon, les tifosi juventini pouvaient aller encourager la Samp lorsqu'elle se déplaçait pour jouer contre le Torino.

Nous le disions en introduction, le football italien est surement l'un des plus prestigieux qui soit. Par l'étude de ces réseaux d'alliances et d'oppositions nous avons pu voir qu'il recèle de nombreuses richesses. Cependant, l'on a constaté un certain déclin du Calcio que ni la dernière victoire en Coupe du Monde, ni les performances ponctuelles du Milan AC en C1 n'ont réussi à masquer. Un certain malaise touche le football italien. Les tristes manifestations récentes des tifosi(fascisme, racisme, violences), qui sont comme nous l'évoquions l'âme du football font empirer ce phénomène de déclin.

Blackool02

[Slide Away]

Jolie article, cependant si pour moi le fascisme et le racisme est intolérable dans "la violence", on pourrait discuter des heures et c'est très compliqué à quelqu'un de l'extérieur du monde des tribunes de comprendre cette violence qui traine dans les stades et en dehors.

[Blackool02]

Ben Bromberger explique dans son livre que cette violence verbale est avant tout folklorique, que dans bien des cas c'est surtout dans un désir de pure opposition et de pure provocation gratuite à l'adversaire et ses supporters. Lorsque les Parisiens insultent tous les supporters adverses de "paysans" à leur entrée dans le stade c'est juste par provocation et pour cultiver l'image du parigot égocentrique, et du coup énerver toujours plus. Maintenant je pense qu'on peut pas nier qu'il y a un fort malaise social dans ce pays et que ça ne va pas en s'améliorant.

Je te conseille de le lire il est pas très long et est très agréable à lire.

[Auxerroisdu58]

Vraiment sympa comme article. ça permet d'apprendre des choses qu'on en savait pas, tel que "l'alliance" entre Genoa, Milan AC et Torino contre les clubs de la même ville.

[Slide Away]

Ben Bromberger explique dans son livre que cette violence verbale est avant tout folklorique, que dans bien des cas c'est surtout dans un désir de pure opposition et de pure provocation gratuite à l'adversaire et ses supporters. Lorsque les Parisiens insultent tous les supporters adverses de "paysans" à leur entrée dans le stade c'est juste par provocation et pour cultiver l'image du parigot égocentrique, et du coup énerver toujours plus. Maintenant je pense qu'on peut pas nier qu'il y a un fort malaise social dans ce pays et que ça ne va pas en s'améliorant.

Voilà, tout à fait !

Sinon en parlant d'alliance, en ce qui concerne l'Italie, il existe une alliance Genoa - Naples qui va bien plus loin d'une simple amitié entre supporter.

[Blackool02]

Je ne savais pas qu'il y avait un lien entre Genoa et Naples, ce que j'avait surtout vu c'est que Naples est assez marginal. C'est un club qui souffre de l'image du sud de l'Italie, on dit même que cette région fait partie de l'Afrique et qu'il faudrait l'exclure de l'Etat italien Jolie ambiance...

Sinon il y a l'amitié Naples-Marseille qui sont deux villes avec de nombreux points communs.

[Slide Away]

Comment ça l'amitié Naples - Marseille ?

C'est vrai qu'on apprécie bien Naples à Marseille mais sans plus, aucun lien particulier avec les napolitains tout les liens (souvent familiale vu qu'il y a beaucoup d'Italien à Marseille) reste assez personnels, aucun lien avec Naples du moins pas comme l'entente Naples Genoa.

Du côté de Naples, ils s'en foutent un peu de Marseille, enfin c'est ce que j'ai cru comprendre. Et oui Naples est détesté par toute l'Italie, un peu comme Marseille en France (bien qu'on compte aussi de nombreux fans dans toute la France).
Remenber la banderole à Rome "Hitler reviens, tu as oublier les napolitains" ....

Perso, j'aime Naples, j'y suis déjà aller et je respecte beaucoup cette ville ce club, c'est une forte identité, ils aiment beaucoup Naples les napolitains.


Un petit article qui parle de cette amitié (Genoa-Naples):

http://www.calciomio.fr/genoa-napoli-une-entente-parfaite-cote-tribune.html

[Blackool02]

Oui je suis allé un peu vite tu as raison, mais il y a de grandes similitudes. Notamment ce syndrome de position victimaire. Alors c'est vrai que Naples tout comme Marseille sont des villes qui peuvent à juste titre se plaindre de beaucoup de choses. Du coup elles se posent plus facilement en victime et ont toujours le sentiment d'être méprisées, discriminées, qu'il y aurait un complot contre elles.

[omzebest13]

Très intéressant à lire. Personnellement je ne savais pas du tout ce que tu as dis. Pourtant ça me surprend pas plus que ça.

Bien joué pour l'article.

[Slide Away]

Oui je suis allé un peu vite tu as raison, mais il y a de grandes similitudes. Notamment ce syndrome de position victimaire. Alors c'est vrai que Naples tout comme Marseille sont des villes qui peuvent à juste titre se plaindre de beaucoup de choses. Du coup elles se posent plus facilement en victime et ont toujours le sentiment d'être méprisées, discriminées, qu'il y aurait un complot contre elles.

Le parler aussi, un napolitain parle napolitain, à Marseille on parle marseillais.

[Blackool02]

Ouais enfin pour le coup vous auriez mieux fait de parler le français comme les autres après ça s'étonne de pas être aimé.

[Slide Away]

On aime ne pas être aimé.

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